jeudi 30 novembre 2017

D'Ouest en Est : traversée du Piémont népalais...

Le 30 octobre 2017

Namaste Namaste !!
Le Teraï nepalais s'ouvre devant nous : sa jungle et ses animaux cachés (panthère, lion, éléphant), ses habitats sommaires en terre et en bambou, ses vélos indiens et ses charettes tirées par des buffles.
"Guest is God", encore. Du rapport à l'hospitalité aux modes de vie, nous comprenons que les contreforts himalayens indiens que nous venons de quitter étaient déjà peuplés de peuples népalais. Le confort de vie chute, mais on nous offre plus encore.

Le massif des Annapurnas se dresse en maître devant nous, tel un rocher démesuré, monstrueuse poussée de la terre.
Nous rallions Pokhara puis Katmandou au plus vite pour retrouver notre copain breton, Loïc, à vélo lui aussi...

Les fissures en façade et les éboulis oubliés parlent encore des secousses d'un tremblement de terre des plus virulents qui ont plongé des milliers de népalais dans la torpeur trois ans auparavant. Plus d'électricité, plus de nourriture, plus de foyer, et les camps de l'armée bondés de réfugiés. Par endroits, des amas de cabanes temporaires et rudimentaires tentent de recréer avec le temps un confort de vie collectif. Sorte de bidonvilles devenus permanents qui révèlent l'insuffisance des mesures et des moyens pour reloger les plus démunis.

Le 30 novembre 2017

Nous longeons l'aéroport et sortons du tumulte poussiéreux par l'une des larges voies rapides de Katmandou.
Malgré l'extension de nos visas, nous ne devons plus tarder à rejoindre l'extrême est du Népal et sa porte de sortie vers l'Inde.

De nouvelles élections se préparent au Népal, et les rassemblements et les discours se multiplient. Drapeaux de la vache, du soleil ou du parapluie, les partis politiques népalais resteront mystérieux à nos yeux. Pour s'adapter au niveau d'alphabétisme de la population, les affiches et dépliants présentent les programmes politiques sous forme de pictogrammes.
L'acte d'aller voter semble fastidieux pour le citoyen népalais, mais les élections paraissent être surveillées de prêt, soyons rassurés...! Les messages du gouvernement rappellent que les actes de corruption sont proscrits, et l'ONU à son œil sur l'affaire, à en croire les allées et venues des voitures banalisées.
Les élections nous donnent l'occasion d'échanger avec les locaux sur enjeux de leur pays, conséquence de l'histoire coloniale britannique et de l'actuel bras de fer entre une Chine expansionniste et une Inde défensive qui prend l'ancienne royauté en étau. Jouissant alors d'un statut particulier (prestige des forces armées népalaises "Gorkha" et proximité du Tibet), le pays est aujourd'hui entièrement dépendant de son voisin hindou. L'embargo indien sur l'énergie et les biens de consommation au moment où le Népal élaborait sa nouvelle Constitution républicaine (et au lendemain du catastrophique tremblement de terre) lui rappelle ses réelles marges de manœuvre politique...

Nous retrouvons la plaine du Teraï où, malgré le relief, nous préférons avancer doucement. Se réhabituer à l'inconnu et préserver la force retrouvée.
Et puis...
Ce coup de massue.
Ce genre de message qui nous hante parce qu'on est loin. Celui qui fait perdre les repères.
Un mélange de douleur et de haine dérobe sous nos pieds un sol devenu inconsistant et fatigue un esprit qui tente en vain de raisonner et d'y trouver un sens.
Un ami plein d'énergie qui s'évanouit, le couperet qui l'emporte sur son champs de bataille.
Le temps arrête sa course dans nos têtes, et seul le fourmillement extérieur nous ramène dans une vie qui continue. Le sourire des népalais, le "Namaste" des enfants. Étrange coïncidence d'affronter cette épreuve au milieu du monde hindou, et de leur rapport à "l'après".
Dernière nuit avant la frontière, nous trouvons abri en bord de rivière.
Quai de crémation. Lui aussi sera libéré. Furtif passage vers un ailleurs. La vie n'est qu'un voyage ?
Adieu, l'Ami.......