samedi 16 mars 2013

Strasbourg -Innsbruck

Nous sommes bien partis ce 5 mars de l´année 2013!! Plus aucun doute! Depuis, 12 jours se sont écoulés et nous ont projetés dans le début de notre voyage qui ne fait que commencer. Quelques 550kms parcourus, surement déjà bien trop vite... D´une vie rythmée par le travail, nous passons à une vie rythmée par le soleil, le froid, le relief et les rencontres. Le corps s´adapte et se muscle, la tete se vide et fatigue.
La difficulté aussi de réaliser ce qui se passe, notre chance, l´ampleur et l´influence de ce projet sur nos vies, comment tout cela est a peine palpable. Tout irait donc trop vite? Au milieu de cela, il faut digerer l´intensité de la préparation du voyage, les mots des uns, le soutien des autres, l´étonnement et l´envie que ce voyage suscite tout autour, l´énergie que cela semble transmettre.
Maintenant un peu plus dehors, un peu plus proche des éléments, nous commencons a nous observer, a sentir l´animal qui y sommeille et nous aprennons a l´apprivoiser...jour apres jour, nuit apres nuit, kilometre apres kilometre. Chaque soirs, la fatigue du corps ne laisse plus beaucoup de place aux pensées vagabondes. Plus beaucoup de place ? pas si simple. Au hasard des regards croisés, des paysages observés, des odeurs et des couleurs, l´esprit n´en fait qu´à sa tete. Il trie, classe, range sans que l´on puisse s´en rendre compte. La particularité d´ue errance comme celle-ci, c´est qu´elle ne cesse de nous surprendre. Les pensées filent les unes derrière les autres, sans les organiser, sans les anticiper. La source en eau, le contenu du repas, le lieu du campement, la direction à prendre, rien ne sert de prévoir.

Nous reprenons enfin plus le temps pour regarder le ciel pour voir ce qu´il nous réserve. Un soleil magnifique a bercé nos premiers coups de pédale. Ce n´est pas une fenetre, mais plutot une veranda meteo qui nous a accompagné le long de ces premiers kilometres, et qui nous a permis d´avancer tranquillement et régulierement sur Innsbruck. Au total, quelques heures (6 tout au plus) de crachin nous auront rafraichit. A par cela, du grand soleil et des températures géneralement positives qui on virées vers le négatif a l´approche de l´Autriche. Le printemps arrive, la neige font, les journées se font plus longues, les températures montent. La neige cède aux vautours affamés, aux jardiniers impatients et aux cyclo-voyageurs bien curieux...
Malgré notre derniere nuit dans une petite chapelle a Nazareth (où nous supposons du -10 aux dires de Nadjia, la paysanne qui nous a payé le café au petit main pour nous réchauffer), nous n´avons pas déplié la tente...

Fiers de nos mollets encore peu entrainés, nous avons passés le Fernpass (1209m, trés frequenté avec beaucoup de camions) et le Holzeitner pass (1126m). Malgré notre tendance a vouloir etre indépendant et ne pas demander l´hospitalité tous les soirs, les faibles températures et l´absence de cabane pour nous mettre à l´abri nous ont fait sentir un gros besoin de toquer à la porte pour 2 nuits... Dernierement en Foret noire, pres de Peterzell dans une ferme, Monika nous a accueilli chaleureusement au sein de son appartement de location d´été... on est reparti reposés, les thermos remplies de lait. Quelques jours plus tard à Reutte, la neige arrivant et l´orage menacant, le Père Joseph nous a aidé à son tour en nous pretant une chambre. Arrivés 10 minutes avant la messe du soir, il nous a offert la priere et le petit dejeuner...
Des gens simples et chaleureux. Du beaume au coeur.

De surprise en déception, de déception en surprise... Changer de mode de vie en si peu de temps... c´est une réelle liberté que nous découvront. L´inconnu,l´anonymat et le détachement deviennent de plus en plus réalité. Ce n´est pas l´effort du corps le plus difficile pour ces premiers jours de vie nomade (50kg chacun à hisser à chaque col). C´est certainement bien plus la confrontation à l´ignorance d´autrui (accepter le refus de l´autre qui ne propose pas son aide, ne comprend pas) et à l´importance de la propriété privée ("chaque chose à sa place", et chaque place a, malheuresement pour nous, une chose...). Bref, prendre ce qui vient et ne rien attendre. Laisser vivre...

Nous sommes maintenant chez Philip et Nicci, des personnes avec lesquelles nous sommes rentrés en contact par warmshowers. Philip a lui deja parcourus quelques kilometres en velonomie en Argentine... Ils préparent leur prochain tour qui devrait les amener a parourir la Panaméricaine dans 1 an et demi. Philipp a monté un atelier vélo depuis 2 ans, dans un café associatif « Die Bäckerei » (www.diebaekerei.at). Nous lui avons laissé une contribution symbolique… Nous profitons pleinement des 2 jours de "repos" que nous nous octroyons a Innsbruck, un appartement chaud et confortable, duquel on observe les prochains cols qui nous attendent pour rejoindre l´Italie...